Aline Isoard
Ses œuvres en vente
Habitants sur route 4 de Aline Isoard
2021
Format: 30 cm x 30cm
Photographie dépigmentée encadrée sous verre
Habitants sur route 10 de Aline Isoard
2021
Format: 30 cm x 30cm
Photographie dépigmentée encadrée sous verre
Habitants sur route 13 de Aline Isoard
2021
Format: 30 cm x 30cm
Photographie dépigmentée encadrée sous verre
Entretien avec Aline Isoard
Par Justine Delobel
Peux-tu nous expliquer brièvement ton parcours ?
Je suis plasticienne de formation. Avant de travailler ainsi la photographie, j’ai réalisé des sculptures abstraites en feuilles de verre peintes ou de miroirs grattés, jouant avec la liberté offerte à la peinture d’être dans l’espace, sans cadre, sans fond. Après avoir introduit les miroirs pour leurs reflets mobiles, j’ai ajouté des fragments de mes tirages comme des images fixes revenant à la pratique de la photographie.
En 2005, j’ai découvert la technique de dépigmentation qui me permet de combiner le travail de plasticienne à celui de photographe, travail rapide de prise de vue, travail très lent d’atelier.
Lors d’un voyage, j’ai compris que la voiture concentrait toutes mes préoccupations plastiques. L’habitacle est devenue mon studio mobile et transparent d’où ont découlé toutes mes recherches jusqu’à ce jour.
Quelles sont tes inspirations ? Et qu’est-ce qui motive ta démarche ?
Nous sommes tous des consommateurs d’images sur route. Je cherche à attirer l’attention sur ces petits détails du quotidien, que l’on regarde sans voir, durant cet entre-deux d’ennui quand on est passager.
J’aime quand les visiteurs « se retrouvent » dans mes photographies. Elles sont des témoins de souvenirs fugaces d’un espace public dans notre mémoire collective où s’invitent l’imprévu, l’irrationnel et parfois l’absurde.
Peux-tu nous expliquer ce procédé de la photographie dépigmentée. En quoi cela consiste ? Et quel intérêt trouves-tu à cette technique ?
Une fois, la photographie choisie, je l’imprime. Puis, à l’aide d’outils que j’ai inventés et que j’invente encore, je retire à la main l’encre pigmentaire du tirage; pas de collage, ni montage informatique, ni ajout de matière. Chaque photographie est unique. J’appelle ce processus graphique que j’ai mis au point dépigmentation photographique.
Si au départ je choisis une image pour son idée, son contenu formel, au fil de l’avancé du travail, une autre idée émerge comme une évidence.
Le thème de la route est proéminent dans ton travail. Peux-tu nous expliquer d’où vient ton attrait pour ce sujet ?
Enfant, lorsque j’étais en voiture, je m’amusais à accommoder la netteté de mon regard sur les différents plans des paysages. Ainsi s’est formée sans doute, l’empreinte ADN de mon travail. J’ai repris l’appareil photo pour établir des liens entre ma famille restée dans le Sud et mon installation professionnelle en Bourgogne.
Les reflets dans les miroirs des rétroviseurs ont d’abord attiré toute mon attention puis j’ai regardé les ponts, les camions, les paysages, les objets transportés, … et les attitudes des gens quand on les croise ou les double.
Tes personnages restent anonymes dans ton travail et leur identité s’exprime à travers leur gestuelle. Peux tu nous expliquer ce choix particulier de représenter ainsi les individus ?
Je regarde, sans être vue. Je n’aime pas déranger. La voiture est à la fois un espace intime et un lieu de représentation, ouvert sur l’extérieur. Les vitres nous protègent et nous montrent. Durant de brefs instants, elles laissent apercevoir un bras ou un avant-bras, une main d’homme ou de femme, jeune ou âgé·e, peau ridée, lisse, poilue, tatouée… d’un conducteur. Une identité, un portrait, une personnalité s’imaginent à partir de cette parcelle sortie de son espace.
Qu’est-ce qui t’a interpellé dans la thématique Parcelle sensible ? Quel lien as-tu établis avec ton travail ?
Grâce à ce thème, j’ai sélectionné pour la première fois, des photographies de la série habitants sur route qui ne montrent pas les gestes utiles sur le volant mais ceux qui sortent de l’habitacle, décontractés, ces parts intimes d’individu qui pourraient être nous.