Cassandre Jacoud
ses œuvres en vente
Coffret d'instants
2022
Série de 3 tirages:
Fleur d’oranger et tarot
Galets et baskets trempées
Thé vert et arôme de cerise
Format 10 X 15 cm chaque sur Papier Invercote 300 g
Coffret tiré 8 exemplaires
Fleur d'oranger et tarot
Galets et baskets trempées
Thé vert et arôme de cerise
Entretien avec Cassandre Jacoud
Par Justine Delobel
Peux-tu nous expliquer brièvement ton parcours ?
En juillet 2020 j’obtiens mon Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique (DNSEP) à l’École Supérieure d’Art et Design (ESAD) de Grenoble. Grâce à mon Erasmus à Madrid aux côtés du peintre Nacho Martin Silva j’avais pris connaissance d’une résidence au nord de l’Espagne à laquelle j’ai postulé à ma sortie de l’école. J’ai donc pu bénéficier d’une bourse de production et d’un atelier dans le cadre de la Fundación BilbaoArte durant six mois. Après quoi je suis rentrée en France et ai commencé à m’investir dans deux associations artistiques (Bloom et La Labomédia) tout en continuant à développer ma pratique.
Quelles sont tes inspirations ? Et qu’est-ce qui motive ta démarche ?
Ce qui me nourrit c’est mon quotidien. Je sélectionne un sujet avant tout grâce aux couleurs vives sur lesquelles mon regard se porte dans mon environnement (un coussin rouge, une serviette bleue, un siège jaune...). Mes inspirations je les trouves dans deux cadres : les transports en commun et les intérieurs domestiques qui me sont familiers. Dans ces espaces où mon corps est immobile, j’observe et photographie des détails d’attente. Les couleurs me permettent de recomposer un espace autour de mains d’amis ou d’anonymes.
Ce qui me pousse à créer c’est le besoin d’immobiliser un instant qui m’a touché. Je veux figer mon impression et perception du moment.
Tes titres évoquent des arômes, des saveurs et des textures, peux-tu nous expliquer ce choix et le lien qui s’établit avec les images que tu produis ?
Le choix du titre vient progressivement lors de la réalisation du dessin ou de la peinture. Comme ces images sont issues d’un moment vécu, je me remémore la scène avec chaque geste. Les éléments des titres sont donc des fragments d’anecdotes, de conversations, des impressions de l’instant et de moments partagés. Ces titres me renvoient donc personnellement à un souvenir. Pour une personne extérieure, ils apportent une autre dimension et permettent d’ouvrir les interprétations de la scène représentée jusqu’à, peut-être, une narration.
Dans ton travail tu utilises parfois la peinture ou les crayons de couleur. Qu’est-ce qui te fait basculer vers le choix de l’une ou l’autre technique ?
En toute honnêteté c’était au début une question de contrainte. J’ai pendant longtemps travaillé chez moi, je ne pouvais donc pas peindre à l’huile. Durant cette année 2021 j’ai donc beaucoup développé ma technique de dessin. Maintenant, le choix entre les deux techniques se fait suite à la photographie que je souhaite représenter. Si cette dernière est floue, pas de très bonne qualité parce que je l’ai prise dans un bus en mouvement par exemple, je vais opter pour la peinture. Alors que si ma photographie me permet de voir beaucoup de détails et de nuances de couleurs, je travaillerai avec des crayons.
Tes personnages restent anonymes dans tes dessins et leur identité s’exprime à travers leur gestuelle. Peux tu nous expliquer ce choix particulier de représenter ainsi les individus ?
Tu dis que mes personnages restent anonymes mais je représente beaucoup mes amis et ce point de vue que j’adopte, centré sur leurs mains, me permet de les connaitre sous un autre angle. Comme tu le dis, je représente les personnes par leurs gestes, mais aussi par l’absence de gestes (beaucoup de mes productions sont des mains reposées) car les mains sont très expressives en elles-mêmes et nous transmettent tout un panel d’émotions par une simple tension des tendons. J’aime beaucoup la phrase d’Henri Focillon dans son Éloge de la main, « parfois on dirait qu’elle pense », je la trouve très juste et, au final, représenter une personne par ses mains me parait plus sensible que par un portrait, on peut forcer les émotions du visage mais difficilement celles de nos mains. De plus, il y a une notion qui m’intéresse depuis longtemps, celle de nos interactions avec notre environnement et comment on se l’approprie l’espace d’un instant. Cela se fait par nos gestes, notre corps et particulièrement le contact avec nos mains. Elles ont donc toujours été présente dans mon travail, mais comme la façon de voir les choses évolue, les mains sont devenues progressivement mon sujet principal.
Qu’est-ce qui t’a interpellé dans la thématique Parcelle sensible ? Quel lien as-tu établis avec ton travail ?
C’était avant tout le mot « parcelle », j’y ai tout de suite projeté mon travail puisque la parcelle c’est un morceau, un bout de quelque chose et mes dessins et peintures sont des fragments, des détails découpés et recadrés. L’association des mots « parcelle / sensible » m’a renvoyé à la perception qu’on peut avoir de son environnement, que ce soit vis à vis du terrain et de la nature que, dans mon cas, les personnes dans ma vie de tous les jours.